Du 18 au 22 octobre 2023
Théâtre l’ÉLYSÉE, Lyon Guillotière
Festival POUR LA SUITE DU MONDE
Films, exposition, discussions
Écologie, migrations, décolonialisme,
genre, antiracisme… l’intersectionnalité en actes!
>>>> Programme complet sur
www.pourlasuitedumonde.org
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Mercredi 18 octobre
Pour le lancement des rencontres, l’idée est de croiser une histoire des luttes de l’immigration constitutive de la société française avec une perspective écologiste. Appréhender les questions écologiques du point de vue des travailleurs immigrés.
20h – XARAASI XANNE – LES VOIX CROISÉES
de Raphaël Grisey & Bouba Touré
(2022, France, 2h)
À partir d’archives cinématographiques, photographiques et sonores qui relatent une histoire des luttes des travailleurs immigrés, le film documente l’aventure de Somankidi Coura, une coopérative agricole fondée au Mali, en 1977, par des travailleurs immigrés d’Afrique de l’Ouest vivant dans des foyers à Paris. En quittant le racisme subi en France, ces derniers se liguent face à la famine qui touche le Sahel en 1973. D’un pays et d’une période à l’autre, leurs choix sont ceux d’un engagement politique face aux désastres économiques et écologiques de la néo-colonisation – la monoculture industrielle ayant largement participé à l’épuisement des ressources et des épisodes de sécheresse.
Séance en présence de Soumaré Soso, étudiante en anthropologie à l’EHESS abordant les questions de migrations, militante et nièce de Bouba Touré et de l’Association d’Accueil en Agriculture et Artisanat (A4), qui développe un réseau d’installation et de solidarité paysanne auprès des exilé.es en mettant en lien les territoires et initiatives existantes..
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Jeudi 19 octobre
Pour cette soirée, nous tournerons autour des pensées de Bruno Latour et Donna Haraway. Spéculations fabulatives, éco-féminisme, l’imaginaire et les représentations comme leviers d’action, enquête anthropologique sensible.
18h – Story Telling for Earthly Survival
de Fabrizio Terranova
(2016, FR/BEL, 1h21)
Donna Haraway, éminente philosophe, primatologue et féministe, a bousculé les sciences sociales et la philosophie contemporaine en tissant des liens sinueux entre la théorie et la fiction. Elle s’est fait connaître à partir des années 1980 par un travail sur l’identité qui, rompant avec les tendances dominantes, œuvre à subvertir l’hégémonie de la vision masculine sur la nature et la science. L’auteure du Manifeste Cyborg est aussi une incroyable conteuse qui dépeint dans ses livres des univers fabuleux peuplés d’espèces transfuturistes. Le réalisateur Fabrizio Terranova a rencontré Donna Haraway chez elle en Californie. À partir de discussions complices sur ses recherches et sa pensée foisonnante, il a construit un portrait cinématographique singulier qui immerge le spectateur dans un monde où la frontière entre la science-fiction et la réalité se trouble. Le film tente de déceler une pensée en mouvement, mêlant récits, images d’archives et fabulation dans la forêt californienne.
20h30 – Geographies of solitude
de Jacquelyn Mills
(2022, Canada, 1h43)
L’écologiste Zoé Lucas vit seule sur l’île de Sable, une bande de quelques kilomètres de dunes où vivent insectes, phoques et chevaux sauvages. Depuis quarante ans, elle collecte, nettoie et documente les déchets marins qui s’échouent constamment sur les côtes de l’île. Un obsessionnel travail de titan qui décrit la fragilité du monde… Ses études sur la biodiversité de l’île ont fait de cette scientifique autodidacte une experte estimée.
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Vendredi 20 octobre
Pour cette soirée, on abordera différentes expériences relatives au processus de paix, interrogeant les modes d’action de lutte, la lutte armée, le rapport aux représentations politiques institutionnelles, l’intersectionnalité des luttes, l’insurrection.
18h – COMMENT FINIR UNE GUERRE
documentaire audio de Myriam Prévost
(2023, Fr, extrait de la série de 8 épisodes – 45 min.)
En 2011, après plus de 50 ans de conflit, l’organisation basque ETA annonce officiellement la fin de la lutte armée. Au Pays basque, des deux côtés de la frontière pyrénéenne, c’est une page qui se tourne, et l’espoir qu’une paix durable puisse enfin s’installer. Mais la route est encore longue. D’abord, il faut rassembler les armes. Des tonnes d’armes, disséminées dans les campagnes françaises. Puis les rendre au camp d’en face, afin qu’elles soient détruites. Enfin, il faut asseoir les deux camps – ETA d’un côté, les États espagnols et français de l’autre – autour d’une même table. S’écouter et se confronter. S’accorder, juger et réparer. Envisager, pourquoi pas, un avenir commun. Il faut beaucoup d’ingrédients pour bien finir une guerre.
Séance en présence de la réalisatrice Myriam Prévost
20h – Transfariana
de Joris Lachaise
(2022, FR/Colombie, 2h30)
À la Picota, prison de haute-sécurité au sud de Bogotá, le mariage d’un guérillero des FARC avec une femme trans ex-travailleuse du sexe condamnée à perpétuité a d’abord provoqué le scandale, puis une transformation des mentalités. Partant du récit de ces noces rebelles, le film décrit la rencontre entre deux formes de combat, deux modèles de lutte qui se transforment en s’interpénétrant. FARC et LGBTI même combat ? Entre univers carcéral, vie urbaine à Bogotá, et campagne colombienne, la caméra guette les signes des mouvements discrets qui président aux changements d’une société.
Avec Transfariana, le réalisateur Joris Lachaise livre un documentaire qui mêle de manière inédite amour et politique. Bien au-delà d’un simple récit sentimental, Transfariana ausculte la société colombienne, et comment la sphère intime bouleverse les lois sociétales. (Vidéodrome)
Séance en présence de Julia Rostagni, collaboratrice de Joris Lachaise, assistance réalisatrice et preneuse de son du film Transfariana, Paula Santos Menezes, sociologue et anthropologue (formée par l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, Brésil) et Julie Massal, qui a mené une recherche en Colombie dans le cadre de l’Institut français d’Etudes Andines (IFEA), notamment sur le changement politique social et culturel des pays andins (Equateur, Colombie) et les mouvements sociaux.
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Samedi 21 octobre
Une journée sous le prisme du rapport à la terre, à l’invisible, à l’indicible, au plus petit, d’une façon particulièrement sensible.
15h: The secret garden
de Nour Ouayda (2023, Liban, 27 min.)
+ Last Things (2023, US, 50 min.)
de Deborah Stratman
The secret garden (2023, Liban, 27 min.) de Nour Ouayda : Ce matin-là, les habitants d’une ville découvrent que des plantes, des fleurs et des arbres inconnus ont soudainement fait irruption dans les rues. Peu à peu, des événements étranges et mystérieux ont lieu alors que Camelia et Nahla enquêtent sur les origines de ces curieuses et nouvelles créatures. « À mesure de la progression, Beyrouth nous parvient par moments comme celle que l’on trouverait après un désastre, après une destruction lointaine. Une ville où la vie reprend, où les trous des explosions auraient été pansés par des plantes vivaces. » Clémence Arrivé, Cinéma du réel
Last Things (2023, US, 50 min.) de Deborah Stratman : « À l’heure où l’humain entrevoit de plus en plus nettement les contours de son extinction, le nouveau film de l’artiste américaine Deborah Stratman s’en remet à l’idée vivifiante qu’il existe, dans la roche, une autre histoire de l’évolution à laquelle s’attacher. D’un côté, la géologue Marcia Bjørnerud conçoit chaque pierre comme un petit monde porteur d’une histoire qui nous dépasse, et qu’il nous faut apprendre à lire pour devenir sensibles à la multitude des temporalités parallèles à nos existences. De l’autre, la cinéaste française Valérie Massadian narre, d’une voix qui semble surgir du fond des âges, un récit inspiré de deux nouvelles de J.-H. Rosny qui imaginaient, à la fin du dix-neuvième siècle, des extraterrestres de nature tantôt minérale, tantôt géométrique. Posées sur des images basculant constamment entre différents ordre de grandeurs – de la représentation des pierres au survol de paysages lunaires, des fonds des océans à l’espace infini, en un collage amoureux des formes qui épouse le principe de vie exposé dès la première phrase, empruntée à Clarice Lispector : « All the world began with a yes »» (Antoine Thirion – Cinéma du réel)
17h : Wild plants
de Nicolas Humbert
(2016, France, 1h48)
Des jardiniers urbains dans un Detroit postindustriel, l’activiste indien d’Amérique Milo Yellow Hair et son projet agricole, le jardinier rebelle Maurice Maggi qui a changé le visage de Zurich avec ses plantations sauvages, et l’innovante coopérative agricole Jardins de Cocagne à Genève… “Wild Plants” dresse les portraits de ceux qui délaissent le confort de la société de consommation et retournent à la terre, pour créer de nouvelles façons d’être ensemble et d’être au monde.
« Ni enquête sociale, ni film à thèse, le film avance plutôt par vagues, à la manière d’une improvisation de jazz, tissant une riche trame qui donne à voir un nouveau rapport désirable de l’homme au vivant, nécessairement poétique. » Brieuc Mével
21h: Darkness, Darkness, burning bright
de Gaëlle Rouard
(2022, France, 1h10)
Projection en pellicule 16 mm par la réalisatrice !
Ténèbres, ténèbres brûlantes
Dans la forêt de la nuit
Vastes sentiers, fraîches ramures
Bosquets pleins de parfums, d’oiseaux et de murmures,
Site revu souvent, et toujours contemplé
Vent qui gargouillez au fond des cheminées que des mois, des heures et des journées…
« Quelque part entre 1924 et 2078, des animaux sont visités par une entité venue d’ailleurs. La nature vacille. Les vaches phosphorent. L’herbe luit vert néon. La surface du monde-écran mue. Transmigration ? Spectateurs-explorateurs, dans le noir total, vous avez ici rendez-vous avec le cinéma du futur. Et c’est maintenant. » Gran Lux (Saint-Etienne).
« Entièrement fabriqué à la main, en utilisant les techniques du cinéma 16mm, le film est fait de tableaux en mouvements qui sont autant de miniatures convoquant l’animal, le végétal, le minéral, dans un jeu d’échelles crées par trucages optiques. L’approche expérimentale exprime une beauté qui ne relève plus seulement du cinéma mais aussi de la peinture trouvant sa plasticité de la rencontre entre la lumière et la matière pelliculaire, entre la nature et la chimie. » Cinémathèque de Grenoble
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Dimanche 22 octobre
Pour la dernière journée, nous irons au devant de récits sur la terre, le vivant, les territoires, par le prisme de la question de la colonialité, des discriminations racistes, de violences faites aux corps par des perspectives du soin, de l’attention, de l’expérience performative collective, de la science-fiction.
15h – La Bonga
de Sebastián Pinzón-Silva et Canela Reyes
(2023, 1h17, Colombie)
« La Bonga, c’est le nom d’un arbre et c’est aussi le nom d’un village de Colombie. Un village fondé par des descendants d’esclaves noirs pour fuir les violences des blancs. Un village-refuge dont ils ont dû partir sous la menace. Le film est une histoire de retour. Le film suit une longue marche collective, un grand rituel performatif. Marcher, rentrer, commémorer, c’est lutter et résister. La caméra se glisse entre les marcheurs et les marcheuses, enregistre leurs histoires, leurs souvenirs, leurs désirs et l’effort d’un trajet. Sur les vestiges de La Bonga une fête s’élance pour repousser les traumatismes des déplacés, arrachés à leurs modes de vie et résister contre le déracinement et son mal » Clémence Arrivé / Cinéma du Réel
Séance en présence de Paula Santos Menezes, sociologue et anthropologue (formée par l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, Brésil) et Julie Massal, qui a mené une recherche en Colombie dans le cadre de l’Institut français d’Etudes Andines (IFEA), notamment sur le changement politique social et culturel des pays andins (Equateur, Colombie) et les mouvements sociaux.
17h – Notre maison
de Miryam Charles
(2022, Canada, 1h25)
Ce premier long métrage de la réalisatrice montréalaise d’origine haïtienne Miryam Charles, au carrefour de l’expérimentation, du documentaire et de la fiction, explore la relation entre la sécurité du lieu habitable et la violence qui peut la mettre en péril. L’histoire de ce film, très personnelle pour Miryam Charles, se base sur un drame vécu dans sa famille, soit l’assassinat de sa cousine âgée de 14 ans, en 2008 à Bridgeport, aux États-Unis. « Je suis partie de cet événement qui a beaucoup marqué ma famille pour créer une lettre d’amour autant à ma cousine qu’à sa mère. Ce sont des actrices et des acteurs qui jouent les moments importants de la vie de sa cousine. Des moments réels et imaginés, car je l’imagine adulte, jeune femme qui vit des expériences et qui questionne ce qui lui est arrivé » explique la réalisatrice.
20h – Neptune Frost
de Saul Williams et Anisia Uzeyman
(2023, Rwanda, 1h45)
Hauts plateaux du Burundi, de nos jours. Après la mort de son frère, Matalusa, un mineur de coltan, forme un collectif de cyber-pirates anticolonialistes. Évoluant dans une société autoritariste où la technologie règne en maître, il rencontre alors Neptune, un.e hacker intersexe. De leur union va naître une insurrection virtuelle et surpuissante. Coproduction entre le Rwanda et le Burundi, ce film musical totalement hors normes est réalisé par le musicien et artiste américain Saul Williams et la comédienne et dramaturge franco-rwandaise Anisia Uzeyman.
Séance en présence de Arlo Viennet du collectif d’Archives de derrière les faggot.es.
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Exposition
« Carrara, il crepuscolo della montagna »
Photographies de Julie Hascoët
Carrara, il crepuscolo della montagna associe une recherche photographique avec une documentation historique et militante, dressant un portrait de Carrare au travers de ses luttes et de l’évolution de son paysage. Ce projet donne à voir les liens qu’entretiennent les pratiques politiques avec un territoire donné – ici, celui des carrières de marbre – depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à l’heure du capitalocène. (Exposition proposée à l’occasion de la publication du livre aux Éditions Autonomes).
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INFORMATIONS PRATIQUES
Entrée aux séances à Prix libre
Adresse: L’Élysée, 14 rue Basse Combalot 69007 LYON – Ancien cinéma du quartier Guillotière créé en 1914, aujourd’hui lieu d’expérimentation théâtrale. > https://lelysee.com/le-lieu/
Bar prévue sur place durant les rencontres.
Espace librairie proposé en collaboration avec la librairie TERRE DES LIVRES
Contact : Association Pour la suite du monde, en quête de nouveaux récits. > recits.pourlasuitedumonde@gmail.com
Équipe: Coordination générale et direction artistique : Sébastien Escande / Graphisme et identité visuelle : Nathalie Lothier – www.nathalielothier.com / Bureau de l’association : Mathilde Delarue, Léa Savoyat, Marguerite Martin
Les rencontres Pour la suite du monde sont organisées grâce au soutien de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes et du Grand Lyon.
Nous proposons aussi une programmation régulière au fil de l’année et de nombreux podcasts disponibles sur le site internet : www.pourlasuitedumonde.org
Merci de partager l’événement sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/events/319919560722571/
et nous avons besoin de bénévoles, n’hésitez pas à nous rejoindre dans cette organisation > recits.pourlasuitedumonde@gmail.com
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