SORTIR DE L’ISLAMISME

SORTIR DE L’ISLAMISME — Conférence/débat avec Razika Adnani philosophe et islamologue franco-algérienne et en partenariat avec le Forum de Solidarité Euro-Méditerranéenne

Razika Adnani conteste la distinction couramment faite entre islam et islamisme, qu’elle considère comme historiquement et théologiquement infondée. Selon elle, cette séparation artificielle entrave la possibilité d’un véritable travail critique sur l’islam et freine toute tentative de réforme. Elle rappelle que l’islam a intégré une dimension politique dès l’Hégire, en 622, lorsque le Prophète Mahomet assuma des fonctions de chef d’État à Médine. Cette intrication du religieux et du politique s’est perpétuée, rendant complexe, dans nombre de sociétés musulmanes, la dissociation entre foi et pouvoir politique.

Au cœur de sa réflexion, Razika Adnani interroge également le recul de la pensée critique dans le monde musulman. Elle retrace l’histoire de la domination de la révélation sur la raison, en particulier à travers la doctrine du Coran incréé, qui a figé le texte sacré hors du temps et rendu toute interprétation contextuelle difficile. Elle appelle à restaurer la place de la raison et à réhabiliter l’ijtihad — l’effort d’interprétation — comme clé d’une lecture vivante et contemporaine des textes.

Sortir de l’islamisme, pour elle, ne revient pas à rejeter l’islam, mais bien au contraire à en repenser profondément les fondements. Cela suppose de mettre en lumière les versets porteurs de valeurs universelles — liberté, égalité, dignité humaine — et de reconnaître comme caducs ceux qui légitiment la violence ou la discrimination.

Une telle réforme, lucide et exigeante, impliquerait de rompre clairement avec la confusion entre religion et politique, et de faire des textes sacrés non plus des objets de soumission, mais des sources de réflexion et d’émancipation.

RAZIKA ADNANI
Razika Adnani est une philosophe, islamologue et essayiste franco-algérienne. Après avoir enseigné la philosophie, elle se consacre à la recherche et à la diffusion de ses travaux.

Elle a animé de 2014 à 2016 un cycle de conférences intitulé « Penser l’islam » à l’Université populaire de Caen. Elle est également intervenue à l’Université permanente de Nantes.

De 2017 à 2024, elle a été membre du Conseil d’orientation de la Fondation de l’islam de France, et elle siège au Conseil scientifique du Centre d’étude du fait religieux. Elle est également présidente fondatrice des Journées internationales de philosophie d’Alger.

Jeudi 15 mai – 18h30-21h

Entrée et bar à prix libre