Live en danger ! Révision du décret « son »

Le Sonic, notre canari dans la mine, lance l’alerte : le nouveau « décret son » risque de mettre en danger de nombreuses scènes, les petites, les sans argents, bref nos préférées.

Pour en savoir plus :

L’article de Télérama

Signer la pétition

Le texte du Sonic :

« Le rock interdit en France ?

Non non ce n’est pas une fakenews douteuse ni un titre du Gorafi mais juste ce qu’il est en train de se passer sous notre nez -ou plutôt en l’occurrence nos oreilles-, sans que cela n’ait l’air d’ameuter les gilets noirs du rock… Il faut dire que tout a été fait à peu près en douce, sans concertation aucune et accompagné d’un gloubiboulga technocratique bien incompréhensible comme on les aime. En résumé, on avait déjà une loi qui limitait la diffusion de son à 105 db; plus ou moins respectée car jamais ou peu l’objet de contrôles dans les « petits » lieux, et plutôt assez aisée à appliquer dans les « grands » lieux. Entendez par là les salles bénéficiant d’un volume important, permettant de s’éloigner suffisamment du plateau pour la prise de mesures (donc des amplis et de la batterie pour faire court). Dans les « petits » lieux, cette norme était déjà plus difficile à mettre en œuvre, selon les styles de musique, du fait de la proximité du plateau (les musiciens), du micro de mesure et du public. Mais étant donné que personne n’était quasiment jamais contrôlé, ça roulait… Les sonorisateurs faisaient de leur mieux pour faire sonner les groupes dans des conditions acoustiques parfois compliquées, et les gens du public avaient pris l’habitude de se protéger en portant des bouchons d’oreilles si nécessaires, personne ne cherchant particulièrement à se faire casser les tympans ! Enfin, quasiment aucun contrôle sauf rare exception, comme dans notre cas, pour Le Sonic, en raison dans un premier temps d’un voisin acariâtre et passablement déséquilibré qui passait ses soirées à appeler la maréchaussée. Donc obligation d’installer un limiteur. Puis dans un deuxième temps en raison de notre demande de dérogation d’ouverture tardive, pour les soirées jusqu’à 4h du matin, qui vous propulse direct dans la case « boite de nuit », avec son lot de contraintes en tous genres, dont le contrôle réguliers des niveaux sonores et des horaires d’ouverture/fermeture, grâce à la « boite noire » du limiteur qui enregistre tout. Bref à part quelques rares malchanceux en France, ça ne se passait pas trop mal. Mais voilà, depuis le 1er octobre 2018 et la mise en application de la nouvelle loi à 102 db, les choses deviennent nettement plus critiques, et pas seulement pour nous. De 105 à 102db ça ne change pas grand chose me direz-vous ? Malheureusement si. Cela signifie en gros que l’on a droit à moitié moins de son en réalité, car la courbe de pression acoustique est exponentielle (rappelez-vous vos cours de maths…) : à 50db c’est presque le silence, à 125 db c’est un avion de ligne qui décolle juste à côté de vous ! Entre 102 et 105, la différence est donc énorme. De plus, la mesure était réalisée auparavant en dba, elle devient dorénavant en dbc. Ce qui signifie, sans rentrer dans des conditions trop techniques: adieu les basses ! (Coucou les technophiles !)

Conséquence directe constatée au Sonic : il est désormais absolument impossible de faire un concert rock qui respecte la loi dans notre lieu et c’est la même chose dans tous les lieux de taille comparable. Même de la pop gentille. Même de la guitare acoustique. Non, c’est pas vrai, ça on peut encore à peu près! Mais c’est tout. Dès qu’il y a une batterie… c’est mort ! On a testé pour vous : un batteur qui joue tout seul, selon sa puissance de jeu, est mesuré entre 100db et 103db ! Ça laisse peu d’espace pour les autres musiciens, sans parler du chant qui fait vite grimper la facture en db!

Vous avez donc désormais le choix entre des concerts de folk dans des cafés concerts, des concerts de rock à 102dba avec un son de merde dans les grosses salles (voir article de Télérama)… ou retourner vous planquer dans des caves clandestines ! On ne conteste pas le fait qu’il faille faire attention avec les volumes sonores élevés propres à certains styles de musique, qu’il faille faire de la prévention en la matière, offrir la possibilité au public de se protéger par le port de protections, etc… mais de là interdire purement et simplement toute une palette de genres musicaux… Non ! Autrement dit, on assiste à une bonne vieille censure pure et simple!

Et comment feront les groupes pour passer de leur local de répète à des grandes scènes sans passer par les petits lieux ? Pour tout un tas de raisons historiques,culturelles, et politiques, la scène underground ne s’est jamais très bien portée en France mais là, c’est un coup de grâce !

Il y a urgence à réagir si l’on ne veut pas se retrouver pour de bon dans un pays mi-ehpad géant, mi-musée, dans une ville réellement morte cette fois !

Mesdames, Messieurs, les responsables politiques, arrêtez de penser à notre place et laissez nous vivre notre goût pour la musique comme on l’entend ! À quand d’ailleurs une interdiction des casques audio qui sont à l’origine, incontestablement, de dégâts irrémédiables à l’ouïe de milliers d’utilisateurs mal informés ?

Une pétition contre cette loi est en ligne, signez et faites tourner ! »

Pour en savoir plus :

L’article de Télérama

Signer la pétition

EDIT Suite à plusieurs remarques nous avons modifié 102 dbc en 102 dba, voilà les explications de Thierry :  » c’est un peu le problème, ‘on nous demande d’appliquer un truc hyper technique et à peu près obscur pour tout le monde… Et que même les gens censés nous contrôler maîtrisent mal. J’ai essayé de simplifier au maximum mais au final, l’inconvénient c’est qu’ on tombe vite dans la caricature et les approximations… « 

  1. Technicien son de métier, je l’ai constaté dans d’autres lieux de tailles similaires. J’ai même entendu les discussions du public déclencher le limiteur et faire disparaitre le son sur un guitare/voix. LA limitation à 102 dans les grands lieux est une bonne chose à mon sens, mais il faut revoir le mode de mesure dans les petits lieux. Un micro à 2 mètres de la scène ne peut pas donner une mesure valable…

    La limitation dans les petits lieux est d’ailleurs souvent bien en dessous de 102dB, mais calculée en fonction de l’émergence chez les voisins proches. Les limiteurs y sont plus là pour garantir la tranquillité du voisinage que pour la protection de l’audition.

    A noter également l’absurdité du procédé en terme de santé publique :
    Les études récentes sur la dégradation de l’audition prouvent que plus un son est compressé en dynamique, plus il est dangereux. Le limiteur envoie un signal surcompressé, là où le même signal non traité, aurait des pics de volumes plus importants, mais moins de conséquences sur l’audition

  2. Ce qui manque dans ce pays, c’est une gradation de lieux culturels depuis le minimal et l’artisanal (cave de pmu) jusqu’au maximal et colossal (arena stadium accorhotel etc), et c’est pas avec une mesure aussi aveugle et liberticide (qui prend la « santé » en alibi) qu’on va y arriver.
    Une fois de plus, les petits et les moyens disparaissent et les dinosaures regardent le ciel en se demandant quoi manger.

  3. Petite rectification, la limitation n’est pas de 102dB C.

    Elle est simultanément de 102 dB A et 118 dB C.
    Le tout en LEQ : moyenne sur 15 min

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